Une délégation d’U-3ARC participe à la quarante-sixième Réunion du Groupe de travail à composition non limitée des Parties au Protocole de Montréal (46th Meeting of the Open-ended Working Group of the Parties -OEWG46) et la soixante-douzième réunion du Comité de mise en œuvre dans le cadre de la procédure de non-respect du Protocole de Montréal (Implementation Committee under the Non-Compliance Procedure for the Montreal Protocol-ImpCom72) qui se tiennent, du 08 au 12 juillet 2024, à Montréal au Canada
Daouda MBaye, journaliste
A l’instar des techniciens-frigoristes et experts du secteur RAC du monde entier en conclave à Montréal, une délégation de leurs homologues africains, réunis au sein d’U-3ARC, sont présents à OEWG46. La délégation, composée du Président, Madi Sakandé et du Vice-Président, Adlain Eyarmewen Nkie Akan, a tenu à préciser sa volonté d’être présente, là où se décide l'avenir de leur métier.
Comme il est indiqué par l’intitulé de cette rencontre OEWG46 ou 46ème Réunion du Groupe de travail à composition non limitée des Parties au Protocole de Montréal, il s’agit de discuter d’un certain nombre de points cruciaux pour le climat, notamment la gestion du cycle de vie des réfrigérants, la lutte contre le commerce illégal et le renforcement des efforts mondiaux pour mieux surveiller les substances contrôlées. Rappelons que l’objectif initial du Protocole de Montréal était de réduire la production et la consommation de substances appauvrissant la couche d’ozone (ODSs), qui contribuaient à l’appauvrissement de la couche d’ozone de la Terre. Lors de la MOP de 2016 à Kigali, les pays ont convenu de modifier le Protocole pour inclure un objectif de réduction de la production et de la consommation d'hydrofluorocarbures (HFCs) de plus de 80 % sur deux à trois décennies. Depuis lors, 159 pays ont ratifié l’Amendement de Kigali qui, s’il est mis en œuvre avec succès, atténuerait les émissions de HFC équivalentes à plus de 80 milliards de tonnes de dioxyde de carbone et pourrait limiter le réchauffement restant dû aux HFCs à moins de 0,06°C.
Un vibrant appel
Les rencontres OEWG46 et ImpCom comptent des sessions plénières, mais aussi sont ponctuées de Side Events, de Meetings restreints et de comités d’implémentation. Pour Madi Sakandé, OEWG46 est l’occasion pour tenir des réunions et rencontres, afin que toutes les associations d’U-3ARC commencent à travailler correctement en tant qu'associations nationales et soient prêtes à s'impliquer dans les projets du Protocole de Montréal en Afrique. Il a trouvé particulièrement fructueuse celle, tenue mardi 09 juillet 2024, avec le PNUE, l’ONUDI, le PNUD et les fonds multilatéraux pour discuter de la manière d'impliquer U-3ARC et les associations nationales dans la mise en œuvre de ces projets. Le Vice-président Adlain Eyarmewen Nkie Akan fera alors un plaidoyer aux agences d’implémentation de projets du Protocole de Montréal et aux représentants du Fonds Multilateral qui financent les projets.
Riche en tous points de vue, ces rencontres ont été agrémentées de Side Events, tels que « Pratique à venir par rapport aux meilleures pratiques dans le secteur de la maintenance des systèmes de refroidissement » ou « Next Practice as against Best Practice in servicing sector for Cooling Systems », « Une transition vers le R290 et le R600a pour la réfrigération commerciale au Nigeria et en Afrique » ou « A transition to R290 and R600a for commercial Refrigeration in Nigeria and Africa », « Approches intégrées pour promouvoir l'efficacité énergétique et les appareils RAC à faible PRG en Afrique » ou « Integrated Approaches to promote Energy efficiency , low GWP RAC Appliances in Africa », « Cas d'études sur les systèmes de refroidissement à efficacité énergétique » ou « Case of Studies in Energy Efficiency Cooling Systems », etc.
L’Afrique, pour la fin du dumping environnemental
Parmi les études de cas sur les systèmes de refroidissement à efficacité énergétique, le Vice-Président d’U-3ARC a exposé celle portant sur les climatiseurs split-système en Afrique. Pour ce faire, il s’est d’abord demandé si la validité de l’efficacité énergétique a un sens en dehors de l’Occident, avant d’ausculter le contraste entre l’exportation des climatiseurs obsoletes et énergivores vers l’Afrique et la protection de l’environnement. Bien entendu, Adlain Eyarmewen s’est apesanti sur la lutte contre l’exportation des climatiseurs énergivores et à faible efficacité énergétique.
Il a conclu son propos en proposant une ébauche des solutions qui paraphrase le rapport du CLASP (Collaborative Labelling & Appliance Standards Program) permettant de prendre des actions pour mettre fin au dumping environnemental de climatiseurs individuels à faible efficacité énergétique et obsolètes. C’est un train de mesures, allant de la ratification de l’Amendement de Kigali au Protocole de Montréal et l’adoption des politiques de mise en œuvre, à l’implication des groupes locaux qui profitent du système actuel en faisant le commerce d’équipements obsolètes dans la résolution de ces pratiques, en passant par l’élaboration et la mise en œuvre d’un MEPS (Minimum Efficiency Performance Standard) et de politiques d’étiquetage en adéquation avec les principaux pays exportateurs de climatiseurs individuels, le renforcement des dispositions institutionnelles, la révision des droits de douane sur les climatiseurs individuels afin d’assurer la compatibilité avec les objectifs en matière d’efficacité énergétique, l’interdiction d’importer des climatiseurs individuels d’occasion à faible efficacité énergétique, même rénovés, l’organisation d’achats groupés et de clubs d’acheteurs pour regrouper les demandes et les achats à des prix abordables de climatiseurs individuels à efficacité énergétique élevé et faible PRP, le recyclage et l’élimination correctes des climatiseurs individuels obsolètes ou encore la transposition des solutions à l’échelle régionale.
Encadré : Rapport CLASP
Le CLASP (Collaborative Labelling and Appliance Standards Program) a récemment publié un rapport examinant le marché des climatiseurs split en 2018 dans 10 pays qui représentent 96% du marché africain : Algérie, Égypte, Éthiopie, Ghana, Kenya, Maroc, Nigeria, Afrique du Sud, Tanzanie et Tunisie.
Dans ce rapport, les « climatiseurs à faible efficacité énergétique » ont été définis comme des climatiseurs individuels dont le taux d’efficacité énergétique (efficiency energy ratio ; EER) était inférieur au seuil minimal de 3,0 W/W. Étant donné qu’un EER de 3.0 W/W est le seuil minimal pour la plupart des pays qui exportent des climatiseurs vers les pays africains, ces produits ne pourraient pas être vendus dans les pays où ils sont fabriqués.
(Source : Présentation VP d’U-3ARC)